« Les douleurs fantômes » de Melissa Da Costa

« Les douleurs fantômes » de Melissa Da Costa est la suite de «  Je revenais des autres  » où nous faisions connaissance d’Ambre, de Tim, d’Anton ,  Gabriel, Rosalie (..) , et de leur vie de saisonnier à Arvieux, petite station de ski dans les Hautes Alpes.

La jeune Ambre fuyait sa vie, un amour passionnel et destructeur et tentait de se reconstruire après avoir échoué en enfer. Une fuite, un instinct de survie et l’espoir de se reconstruire…

Immersion dans le monde bien particulier des saisonniers, d’un hôtel restaurant en station, théâtre de la guérison d’Ambre , de la naissance d’amitiés profondes, et d’une histoire d’amour improbable…

« Les douleurs fantômes » nous ramène auprès d’eux, cinq années plus tard : suite à un appel au secours de Rosalie, ils vont tous se retrouver à Arvieux…

 » Entre silences amers et regrets, ces retrouvailles vont raviver leurs douleurs fantômes et bousculer leurs certitudes : mènent – ils vraiment la vie dont ils rêvaient ? « 

Est il trop tard pour changer de vie ?

Cette suite nous replonge avec plaisir dans la vie de cette petite bande d’amis, avec la curiosité de savoir ce qu’ils sont devenus, quels chemins ils ont pris, ce qu’il reste des liens qu’ils ont tissés… J’ai malgré tout été un peu déçue… l’intrigue m’a semblé cousue d’avance, et j’ai trouvé que l’écriture manquait de reliefs, qu’il y avait des longueurs…

Des quatre Romans de Melissa Da Costa, j’ai véritablement eu un immense coup de cœur pour « Tout le bleu du ciel », que j’ai trouvé poignant, émouvant, subtil, poétique et magique… J’ai retrouvé cet univers dans « Les lendemains » que j’ai beaucoup aimé également, mais j’avoue que je n’ai pas ressenti la même profondeur dans les deux derniers ouvrages de Melissa Da Costa… Question de sensibilité ?

Je vous invite à le lire quand même ( surtout si vous avez lu  « Je revenais des autres !  » ) car cela reste un joli moment de lecture, idéal pour se détendre et s’évader 🙂

« Ne m’oublie pas » d’Alix Garin

« Ne m’oublie pas » d’Alix Garin

« Ne m’oublie pas »…

« La grand-mère de Clémence souffre de la maladie d’Alzheimer. Face à son désespoir, elle prend la décision de l’enlever de la maison de retraite et de prendre la route en quête de l’hypothétique maison d’enfance de sa mamie. Une fuite, une quête, un égarement, l’occasion de se retrouver…

A moins que ce ne soit des adieux ? »

Une BD d’une grande finesse, bouleversante, qui se lit d’une traite et qui vous fera frissonner d’émotion tout au long de lecture…

Pour ma part, j’en ai eu la gorge nouée… Parce que la grand-mère de Clémence perd la mémoire…tout comme la mienne…

Qui aujourd’hui ne s’est pas déjà retrouvé face à cette maladie, qui emporte avec elle les souvenirs de nos chers proches..?

Qui n’a pas été confronté à ce chagrin et à ce désarroi immenses lorsque l’on se retrouve face à une personne qui petit à petit ne vous reconnaît plus, ne se souvient plus, de la complicité, des orages traversés ensemble, de la vie partagée…

Une part de notre enfance s’envole en même temps qu’ils oublient … Alors, on se raccroche aux phrases précieuses -les dernières- qui parfois arrivent subitement au travers d’un éclair de lucidité.. et on chérit les instants vécus… Mais que c’est dur !!!

Une vraie réflexion qui ramène à l’instant présent, à la construction de soi, qui décrit avec subtilité et parfois humour les méandres de cette maladie avilissante… « Alzheimer », sous la plume poétique, et lumineuse d’Alix Garin…

Une pépite…

« Mon mari » de Maud Ventura

« Mon mari » de Maud Ventura

« Excepté mes démangeaisons inexpliquées et ma passion dévorante pour mon mari, ma vie est parfaitement normale. Rien ne déborde. Aucune incohérence. Aucune manie. »

Ambiance…

« Mon mari » est le premier roman de Maud Ventura. Une pépite. Un roman addictif qui a du mal – vraiment du mal ! – à se laisser reposer avant la fin…

L’histoire se déroule au fil d’une semaine; chaque jour a sa propre couleur, sa propre énergie ..C’est de cette façon qu’ « elle » perçoit les choses, la vie, sa vie …

« J’ai toujours vu les jours en couleur. C’est même ainsi que je me repère dans le temps. Lorsque je prends rendez-vous quelque part, j’ai rarement besoin de le noter : mon emploi du temps apparaît devant mes yeux sous forme d’une frise colorée. »

« Elle » c’est une très belle femme qui a une vie parfaite : une belle maison, deux enfants, et surtout – SUTOUT – elle partage sa vie depuis 15 ans avec l’homme de sa vie, le père de ses enfants, qu’elle aime toujours aussi « follement » et qu’elle ne nomme jamais autrement que « mon mari »

Toute sa vie est centrée autour de lui, elle est d’ailleurs sans cesse en quête de moments seule avec lui…au point même d’en vouloir à ses enfants de leur « voler » du temps à deux…

« Mon idéal serait un tête à tête perpétuel avec mon mari : nous sommes tous les deux dans notre salon, nous buvons un café corsé et nous discutons pendant des heures. »

Le décor est planté dans un milieu bourgeois, qui donne une tonalité très particulière à l’ensemble, et surtout à cet amour qui nous interroge, nous laisse perplexe, tant il est étrangement intense …

« J’ai appris l’élégance (qui ne repose finalement que sur un trio simple : un manteau, un sac et des chaussures hors de prix. Une fois cette sainte trinité maîtrisée, le reste est facile) . (…) Bref, c’est ainsi que je suis devenue l’une de ces femmes aux collants jamais filés, et que j’ai appris à assortir mon apparence avec la maison bourgeoise que mon mari et moi avons achetée ». 

L’écriture est superbe : élégante et juste.

« A nos débuts, notre paysage amoureux ressemblait à une étendue infinie de dunes; il évoquait le danger de l’aridité et l’immensité du ciel étoilé, la chaleur étouffante du jour et la froideur soudaine de la nuit. Puis nous sommes devenus un lac : une étendue plate et lisse. J’ai vu mon mari s’habituer à ma présence jusqu’à ne plus la trouver miraculeuse. J’ai vu le désert se transformer en lac. »

A travers les mots de Maud Ventura , cette femme, cette « amoureuse » (amoureuse de l’amour ?…) nous questionne sur la passion, sur l’idéalisation d’une relation… et dans le même temps, sur les souffrances et les aliénations qui en découlent fatalement ..

« J’aime tellement fort que je me consume dans mon propre amour (…) J’aime et je veux être aimée avec tellement de sérieux que cet amour devient vite épuisant (pour moi, pour l’autre). Bref, j’ai l’amour malheureux. » 

La tension monte progressivement au fil du texte, au fil des jours de cette longue semaine…entre ombre et lumière…

La lecture est captivante, un brin glaçante,…et décalée ! Et cette fin !!!! ….Impossible d’en dire plus pour ne pas spoiler ! 😉 …

…Mais pour prolonger encore juste un peu le plaisir, je vous partage quelques extraits des jours « colorés » de cette femme transie d’amour… en espérant vous donner envie de vous plonger à votre tour dans cette lecture 😉 !

« Le lundi a toujours été mon jour préféré. Parfois, il se pare d’un bleu profond et royal -bleu marine, bleu nuit, bleu égyptien ou bleu saphir. Mais plus souvent le lundi prend l’apparence d’un bleu pratique économique et motivant, adoptant la couleur des stylos Bic, des classeurs de mes élèves et des vêtements simples qui vont avec tout. Le lundi est aussi le jour des étiquettes, des bonnes résolutions, et des boîtes de rangement. Le jour des choix judicieux et des décisions raisonnables (…) J’aime les situations initiales. Quand chacun est à sa place dans un monde à l’équilibre. » 

« Le mardi  est un jour belliqueux. Pas besoin de chercher des explications compliquées : sa couleur est le noir et son étymologie latine nous apprend que c’est le jour de Mars, le dieu de la Guerre. »

« Je suis de mauvaise humeur. Le mercredi est une journée orange, comme la clémentine… »

« Je débute mon jeudi jaune avec joie. »

« Heureusement, le vendredi me porte bonheur grâce à sa couleur, le vert. Ce n’est pas une superstition, il y a des faits qui ne trompent pas. « 

« Le samedi est rouge. Et celui de mon mari, rouge vif. Pour lui, le samedi est toujours un évènement joyeux.(…) Moi je préfère la routine des jours de semaine, le samedi m’intimide. »

« Le dimanche est en tous cas un choix stratégique, car c’est indiscutablement une journée blanche. » (…) Evidemment, c’est le blanc du sacré (…) Mais le blanc du dimanche n’est pas aussi simple qu’il n’en a l’air. L’optique nous apprend que le blanc est le résultat du mélange de toutes les couleurs (et non l’absence de couleurs, comme je le pensais). »

 

« Idiss » de Richard Malka et Fred Bernard

La BD « Idiss » –d’après le livre de Robert Badinter-  superbement mise en image par Fred Bernard, et scénarisée par Richard Malka , nous retrace le parcours de vie de la grand-mère de l’auteur, de 1890 en Bessarabie à la Seconde Guerre mondiale en France.

« J’ai écrit ce livre en hommage à ma grand- mère maternelle, Idiss. Il ne prétend être ni une biographie, ni une étude de la condition des immigrés juifs de l’Empire Russe venus à Paris avant 1914. Il est simplement le récit d’une destinée singulière à laquelle j’ai souvent rêvé. Puisse-t-il être aussi, au-delà du temps écoulé, un témoignage d’amour de son petit-fils.« 

De sa condition d’épouse vivant seule et très pauvre avec ses deux garçons et ses beaux-parents dans un Shtetel* , attendant son homme engagé dans les combats pour le Tsar , à sa fierté de mère qui découvre le confort et la paix grâce à la réussite de ses fils qui l’ont précédé -bien des années plus tard- lors de son arrivée en France (à Paris) , l’histoire d’Idiss est à la fois exceptionnelle et universelle. Chaque femme peut se retrouver sous ses traits, dans sa combativité, dans l’amour qu’elle porte aux siens : Idiss est une femme inspirante qui a du faire face tout au long de sa vie à des épreuves certaines et notamment à la confrontation avec  l’antisémitisme dans ses plus sombres et indicibles aspects…

Une femme et une mère courage, qui protégera comme une louve et autant que possible sa tribu…Car les épreuves successives la laisseront parfois impuissante… Elle se réfugiera alors dans la foi et surtout dans l’amour dont elle chérit les siens.

Elle deviendra par la suite une grand-mère protectrice en particulier pour les enfants de Chifra (sa fille, son troisième enfant) auprès de qui elle vivra après le décès de son époux. Les origines modestes de cette grand-mère qui n’a pas eu la chance d’apprendre à lire, de s’instruire influenceront certainement le jeune Robert, et son frère Claude tout comme leur maman qui souhaite pour ses fils ce qu’elle n’a pas pu avoir étant jeune. Une soif d’apprendre et des prix d’excellence à l’école pour ces deux garçons,  seront la source d’une immense fierté pour la famille…

Mais la petite histoire se mêlera à nouveau avec la Grande, et la Seconde Guerre mondiale impactera une nouvelle fois lourdement la vie de cette famille …

Cette histoire bouleversante d’authenticité, profondément humaine a été sublimée par la qualité des dessins et la scénarisation des auteurs…

Magnifique!

*(mot yiddish désignant une bourgade juive d’Europe centrale)

« Le coût de la vie » de Deborah Levy

« Le coût de la vie » de Deborah Levy

« Le coût de la vie » de Deborah Levy est le deuxième volet d’un vaste projet autobiographique « Living autobiography » …Je n’ai pas encore lu les autres…mais j’ai adoré celui ci !

Résumé: 

A l’aube de ses cinquante ans, « juste au moment où ma vie était censée ralentir, se stabiliser et devenir plus prévisible » l’auteure nous livre la fin de son mariage qui marque pour elle une véritable renaissance, avec son lot de troubles, d’inconnu et de premières fois… mais aussi le renoncement à son confort de vie (matériel et immatériel), pour se jeter corps et âme dans SA vie à elle, avec pour tout bagage, un vélo électrique et une plume d’écrivain…

« Arracher le papier peint de ce conte de fées qu’est la maison familiale où le confort et le bonheur des hommes et des enfants ont été prioritaires, c’est trouver en dessous une femme épuisée, qui ne reçoit ni remerciements ni amour et qu’on néglige. Il faut de l’habileté, du temps, de la dévotion et de l’empathie pour fonder un foyer qui fonctionne et dans lequel tout le monde se sent bien. C’est surtout un acte d’une générosité immense que d’être l’architecte du bien-être de tous les autres. »

Ce récit passionnant empli d’esprit et d’humour, nous fait voyager au travers de son chemin de « reconstruction » avec ses ressentis, ses blessures, son courage, et surtout de son en- vie de vivre enfin, librement et pour elle… tout en continuant à être une mère attentive aux besoins de ses filles…

« J’ai gagné en vigueur à 50ans, à un âge où mes os étaient censés se fragiliser « 
Mais comme elle le dit très bien :« la liberté n’est jamais libre » et « quiconque s’est battu pour être libre sait ce qu’il en coûte »

La jeunesse n’est donc définitivement pas une question d’âge, et l’affranchissement de ses propres limites peut s’opérer à tout moment.

« Cette histoire ne lui appartient pas à elle seule, c’est l’histoire de chaque femme confrontée à l’impasse d’une existence gouvernée par les normes et la violence sournoise de la société, en somme de toute femme en quête d’une vie à soi. »

Inspirant et galvanisant.

« Ainsi que Simone de Beauvoir nous l’avait dit, les femmes ne sont pas censées éclipser les hommes dans un monde où le succès et le pouvoir leur sont destinés. Pas facile d’incarner le privilège historique de la domination masculine (mis au goût moderne) si monsieur est économiquement dépendant des talents de madame. »

« Le tatoueur d’Auschwitz » d’Heather Morris

« Le tatoueur d’Auschwitz » d’Heather Morris

« Le tatoueur d’Auschwitz » d’Heather Morris, est un livre qu’il serait bon de remettre dans les mains d’un plus grand nombre… Un récit, un témoignage bouleversant sur l’enfer vécu dans le camp d’Auschwitz , mais surtout une histoire d’amour qui naît, qui désire être vécue, survivre à cette horreur, telle un poing révolté et tendu vers le ciel.

La puissance de cette volonté qui ne renonce pas, ne renoncera jamais, et cultive obstinément l’espoir est saisissante.

Heather Morris a prêté sa plume à Lale Sokolov qui lui a transmis cette histoire, qui est son histoire.

Résumé : 

Avril 1942 : Lale n’est qu’un jeune homme de 24 ans lorsqu’après un long voyage vers l’inconnu ,entassé dans un wagon à bestiaux il débarque à Auschwitz. Le voyage n’était qu’une première étape vers l’enfer , et le début d’un long processus de déshumanisation…

Lale est un jeune homme raffiné, éduqué, issu d’une famille aimante originaire de Slovaquie. Dès ses premiers pas dans le camp, il comprend que la « bête dévorante » qui cherche à lui faire perdre son identité continue sa basse besogne. Implacable.

Sa valise au sol, il sait  alors qu’il ne reverra probablement plus jamais son contenu :

« Lale sent un poids sur ses épaules, une lourdeur qui se loge dans ses omoplates . « Désolé maman, ils ont tes livres » 

J’ai frissonné à la lecture de cette phrase, et j’en frissonne encore en la relisant ; toute l’émotion du moment est traduite avec justesse à travers ces quelques mots…

Il va pourtant malgré lui , devenir acteur de cette déshumanisation. En devenant le « Tätowierer » il participe à cette sinistre tâche, lourde de sens. Pourtant, c’est aussi grâce à cette « fonction », sans doute, qu’il va réussir à apporter quelques menus « conforts » dans sa vie, et dans celle de ceux qu’il va aider durant tout le temps de son passage au camp… Une ambivalence de sentiments et d’émotions s’installe…

C’est d’ailleurs en devenant le « Tätowierer » que Lale va faire la connaissance de Gita :

« Lale s’efforce de ne pas lever les yeux. Il tend la main pour prendre le morceau de papier que la jeune fille lui présente. Il doit reporter les cinq chiffres sur son bras gauche. Il y a déjà un numéro pratiquement effacé. Il enfonce l’aiguille, effectue un grand nombre de petites piqûres pour tracer un 3, le plus délicatement possible. Le sang suinte. L’aiguille n’est pas allée suffisamment en profondeur, il est contraint de recommencer. Elle accepte la douleur que Lale lui inflige sans broncher. Elles ont été prévenues – ne rien dire, ne rien faire-. Après avoir essuyé le sang, il appose l’encre verte sur la peau incisée.

(…) Lale est trop lent. Tatouer le bras des hommes est une chose ; marquer des jeunes filles dans leur chair en est une autre (…) Sa main s’attarde un peu trop longtemps sur le bras de la jeune fille . Il la regarde dans les yeux. Un sourire effleure ses lèvres (…) Quand il lève à nouveau les yeux, la jeune fille a disparu »

Cette jeune fille c’est Gita bien sûr, et ils vont réussir à se revoir…C’est donc ainsi, réduits à un statut de « numéro » tatoué sur le bras que ces deux êtres vont pourtant se découvrir et s’aimer. Au milieu du chao, de l’enfer, cet amour va s’en doute leur donner la force, l’espoir et la fureur de vivre …afin que cette histoire puisse avoir une chance de survivre au camp de la mort…

« Dans cette prison où l’on se bat pour un morceau de pain et pour sauver sa vie, il n’y a pas de place pour l’amour « .

Pourtant Lale a fait une promesse à Gita : un jour , ils seront libres et heureux de vivre ensemble.

Gita est morte le 3 otobre 2003.

Lale est mort le 31 octobre 2006.

La postface a été écrite par Gary Sokolov… leur fils.

Ne pas oublier…

 

« Nus » de Laure Becdelièvre

« Nus » de Laure Becdelièvre

Récit  » contemplatif  » dans lequel s’entremêlent trois thèmes forts :

*La nudité bien sûr, notamment au travers du regard – artistique et sociétal – que l’on porte sur Mathilde, personnage principal de ce roman, qui est modèle vivant.

*Les attentats … et l’onde de choc liée à un concert devenu tristement célèbre … Mathilde et son compagnon ont perdu leur ami, leur frère de cœur ce soir là…Karim, jeune père de famille est mort sous les balles de cette terrible attaque meurtrière, et il a emporté avec lui l’innocence et la légèreté de ses amis, symbole de cette génération, meurtrie, marquée au fer rouge, foudroyée en plein bonheur…

* La vie ou plus précisément le fait de donner la vie. Car la vie et la mort flirtent ensemble tout au long de cette histoire .. L’une a pris ses racines sur l’autre… s’est invitée, s’est faite désirée, tel un pied de nez à la tragédie… au sein de ce couple quarantenaire, au creux du corps de Mathilde, qui jusqu’alors n’avait jamais envisagé de devenir Maman…

Ce roman est empli de sensibilité, de poésie, de douceur … Il nous invite à un temps calme, un temps de repos, un temps d’évasion, de retour à soi …

J’ai aussi beaucoup aimé découvrir l’univers artistique,  » l’envers du décor « ,   de ces ateliers et écoles d’art … Un beau voyage en somme 😉 !

Résumé : 

« Mathilde est un modèle vivant de nu artistique en ateliers et écoles d’art. Son métier la pose et la comble, malgré la rupture avec sa mère que ce choix de vie lui a value dix ans plus tôt.

Drôle de métier pourtant, lorsqu’on tombe enceinte et qu’on peut difficilement cacher son corps qui change. Du jour où Mathilde attend un enfant, ses repères sont bouleversés, dans sa vie de muse comme dans sa vie de couple.

Son intimité lui échappe. Mais elle se sent aussi habitée, plus que jamais. Parée d’une nudité épaisse, lui donnant des forces inattendues pour affronter un monde qui a perdu ce qui lui restait d’insouciance, et où d’une balle de kalachnikov on peut perdre un ami. »

Pour accompagner cette lecture, je vous recommande  la tisane d’Achillée  ( les petites fleurs sur la photo ! ) , plante mère-veilleuse du Féminin, qui est ici tout indiquée 😉 ; n’hésitez pas à découvrir ses vertus, et bienfaits ici 🙂

« Les Demoiselles » d’Anne-Gaëlle Huon

« Les Demoiselles » d’Anne-Gaëlle Huon

« Le destin , ce n’est pas une question de chance. C’est une question de choix. »

1923. Rosa, jeune espagnole de 15 ans décide de traverser les montagnes pour rejoindre le Pays Basque et travailler le temps d’une saison dans un atelier d’espadrilles, comme tant d’autres à cette époque, surnommées les « hirondelles« …

Un premier drame va se dérouler pendant cette dure traversée . Ce sera le point de départ de toute une vie; une vie que l’on découvre tout au long de cette lecture captivante, où la petite histoire nous raconte la Grande…

Pour Rosa, il ne s’agissait pas de se constituer un trousseau pour se marier, cette « migration » temporaire devait lui permettre de prendre son destin en main, d’échapper à sa condition… La nuance est importante, pour comprendre la vie de cette femme, fictive certes, mais qui représente à elle seule les changements sourds qui s’opèrent en chaque femme à cette époque.

Arrivée en France, rien ne se déroulera comme prévu, et cette jeune « hirondelle » va croiser la route d’intrigantes « cocottes »…

Des destins de femmes extraordinaires, d’un temps pas si lointain, où la condition féminine était encore chaotique.. Des sujets, pour le droit des femmes y sont abordés sous une plume juste et poignante, et à travers la vie de Rosa et de ses amies, on replonge – parfois avec effarement- dans des moments dramatiques de l’Histoire des Femmes, qui ont permis , progressivement (et tout n’est pas encore gagné !) l’évolution de notre société…

« Je ne me souviens pas de l’adresse ni des mots prononcés. Seulement du sang, des cris, et des aiguilles à tricoter. »

« Tu dois savoir qu’à l’époque, Liz, les divorcées étaient forcément considérées comme des traînées. Ce que l’on avait du mal à croire quand on voyait Mlle Thérèse, ses cheveux de neige, ses longues jupes plissées et son chemisier boutonné jusqu’au cou. »

« le souvenir de ma mère morte en couches, les cernes de Carmen et les coups que Robert frappait parfois la nuit à la porte, me faisait dire que je vivais mieux sans. Sans époux, sans amant. »

Pourtant à travers ces destins de femmes parfois tragiques, c’est bien une ode à la vie et à ses plaisirs dont nous parle l’auteure.

Recueillie dans la maison des Demoiselles, ces femmes mystérieuses et fantasques « qui vivent au milieu des livres, des jarretières et des coupes de champagne », Rosa va peu à peu s’émanciper, grandir et laisser la jeune fille fragile derrière elle pour devenir la femme forte, libre, audacieuse et inspirante qu’elle restera toute sa vie.

« Il n’y a que trois règles ici. La première: ne jamais tomber amoureuse. La deuxième: ne jamais voler l’homme d’une autre. La dernière: ne boire que du champagne millésimé »  De ces trois règles, une seule pourtant serait respectée. »

Ce livre est un voyage .. voyage dans le temps, bien sûr, mais aussi à travers l’Espagne, le Pays Basque (dont l’auteure parle avec tant d’amour !), Paris, et même l’Amérique ! .. avec pour fil rouge, la résilience et l’émancipation de ces femmes « hors normes »…

« Le Paris de la Belle époque était celui de toutes les extravagances »

« Les pigeons, les oies, les grues, les cocottes, les hirondelles. Tous ces noms d’oiseaux, volatiles en quête de plaisir et de liberté. »

« J’avais été élevée par une vielle dame et un prêtre pour qui le plaisir n’était synonyme que de culpabilité. »

« Au milieu des machines, des croquis, des maquettes et des boîtes à chaussures , on dansait, on riait on chantait ».

« Les Demoiselles », c’est enfin et avant tout  l’histoire de femmes cabossées par la vie, qui ne se sont pas résignées, et qui malgré les épreuves se sont battues avec courage pour leur liberté et leur droit au bonheur. De leurs blessures elles feront leurs forces, tout en tendant leurs mains à leurs sœurs d’infortune.

L’écriture authentique, documentée, passionnée d’Anne Gaelle Huon m’ a transporté… Difficile pour moi de me défaire de cette histoire brûlante, incandescente… ( à quand un tome 2 ?!? ) Merci Madame pour ce beau voyage, pour ces frissons, pour ces émotions, pour la narration de ce vécu, de l’histoire de ces « hirondelles », et de ces « cocottes », que je ne connaissais que trop peu, et qui s’inscrit pourtant telle une énième victoire en chacune d’entre nous.

Ce roman est tout simplement enivrant…alors, à l’image de ces Demoiselles, je vous invite à lire ce roman , et à trinquer à la vie avec une coupe de champagne millésimé 😉

« L’espoir, ce n’est pas de croire que tout ira bien, il a soufflé. Mais de croire que les choses ont un sens. »

 

 

 

« Malgré tout » de Jordi Lafebre

« Malgré tout » de Jordi Lafebre

Jusqu’il y a encore très peu de temps, je ne lisais pratiquement pas de BD… et puis il y a eu cette découverte incroyable de Vanyda « Un petit goût de noisette »…

L’essai a été tellement concluant, que j’ai voulu le transformer !

« Malgré tout » a donc été ma seconde lecture  dans cet univers de beauté et de poésie…

Quelle pépite !!!

« Maintenant que je t’ai retrouvé, j’aimerai tellement te réserver une petite place dans ma vie. Une place remplie de mouettes, avec vue sur mer. »

L’histoire commence avec les retrouvailles d’un homme et d’une femme, aujourd’hui à la retraite…et qui s’aiment depuis très longtemps. Ils ont pourtant fait le choix de ne pas vivre cet amour de manière « conventionnelle ». LUI est un libraire fantasque, rêveur, qui finira par prendre la mer… ; ELLE est une femme carriériste et engagée, élue maire de sa ville.

« Bobo, la lune tourne parce qu’elle est attirée par la Terre (…) Un jour, elles se sont croisées et se sont attirées mutuellement, mais ni l’une ni l’autre n’est parvenue à s’arrêter. Elles ont poursuivi leur course, chacune exerçant une attraction sur l’autre (…)

-donc, Lune et Terre vivre toujours séparées ?

-En réalité, c’est leur manière d’être ensemble. Si elles se heurtaient, elle elles causeraient beaucoup de dégâts.« 

Ils se croisent, se « suivent » tout au long de leur vie…mais à distance . Toujours. Pourtant, la force de cet amour est toujours présente. Ils se racontent et s’aiment à travers leurs lettres, leurs conversations téléphoniques…

« Toi et moi en apesanteur, unis de manière invraisemblable »

« Au départ, je ne voulais pas que tu sois élue. Je pensais que si tu ne devenais pas maire, on pourrait devenir toi et moi. Mais aujourd’hui j’ai compris que tu ne partirais jamais et que je ne resterai jamais. Toi et moi, nous ne serons jamais « seulement » toi et moi . Jamais « tout à fait » toi et moi . Et jamais « rien du tout  » toi et moi . Toujours « jamais ».

Ils ont chacun vécu leur vie amoureuse en parallèle de cette histoire. Chacun à leur manière, différemment comme toujours… LUI a été un marin volage, butinant de fleur en fleur ; ELLE s’est mariée avec un homme qu’elle aime profondément et avec qui elle aura un enfant.

« Je te souhaite sincèrement une belle vie de famille. (Giuseppe est tout ce que je ne serai jamais. Tu seras heureuse à ses côtés.) »

Percutant. Drôle (vraiment!). Bouleversant.

L’amour véritable, celui où l’on souhaite sincèrement le bonheur de l’autre. Sans attente en retour…

Cette histoire nous parle aussi des choix de vie , de cette fameuse « croisée des chemins » que l’on a tous, sans doute, un jour rencontrée … Se choisir ? Choisir l’amour ? Renoncer ? Tenter de conjuguer ?? Il n’ y a pas de jugement , il s’agit simplement d’un récit de vie… ILS n’ont aucun regrets ,sont alignés avec leur choix de vie,  mais aujourd’hui, ils ont enfin du temps pour eux…que vont ils décider d’en faire ??

Je l’ai lu d’une traite ! Captivée et curieuse de connaitre leur passé…et quand je l’ai eu fini…je l’ai relu immédiatement, en commençant par la fin (une jolie particularité de cette BD qui peut se lire « dans les deux sens ») , c’est à dire au moment de leur rencontre… pour « revoir le film à l’envers » !!!

Un régal ! Lisez le dès que possible !!! 🙂

« Qui sait, notre rencontre n’était peut-être pas inscrite dans les astres et nous étions donc destinés à nous séparer. En toute franchise, je ne t’imagine pas gouverner le monde depuis un vieux bateau pourri, et je ne m’imagine pas prendre le petit déjeuner dans la même cuisine pendant 40 ans. 

Inévitable, mais impossible

Séparés par l’infini. Unis par l’horizon.

Là où les lignes parallèles se rejoignent enfin.

Un jour, peut-être, toujours. »

« Il est grand temps de rallumer les étoiles » de Virginie Grimaldi

« Il est grand temps de rallumer les étoiles » de Virginie Grimaldi

Anna 37 ans, est « étranglée » par la vie…elle s’épuise dans un travail ingrat, doit s’accommoder de la pression des huissiers, et élève seule ses deux filles: Chloé et Lily.

La première a 17 ans : brillante mais désabusée , l’avenir semble éteint à travers ses yeux… Un trou béant dans le cœur, lui fait chercher l’amour dans les bras des garçons…elle se donne vite, pour ne pas les perdre, mais aucun d’entre eux ne reste auprès d’elle, malgré ses espoirs fous…

La cadette, qui a 12 ans, n’aime pas beaucoup les gens, qui la jugent d’ailleurs « étrange » (ce qui ne lui vaut pas que des moments heureux à l’école…)  Son meilleur ami est un rat, qu’elle a baptisé du nom de son père, « parce qu’il a quitté le navire », lui aussi.

Toutes les trois, se croisent bien plus qu’elles ne vivent ensemble… mais quand un jour le déclic se produit,  Anna « percute », et se rend compte à quel point ,elle et ses filles vont mal . Elle prend alors une décision folle, poussée par sa grand-mère qui veille sur elle depuis toujours…

Ces trois femmes  vont partir en camping car , pour un périple hors du commun, direction la Scandinavie. Avec pour objectif, de se retrouver, de faire une pause, de souffler,…de profiter.. afin que chacune puisse aller de l’avant à leur retour.

Trois âges, trois générations, trois femmes, et trois voix qui se répondent…au travers d’un récit lumineux, qui nous parle du sens de la vie, des chemins qui ne sont pas toujours ceux que l’on croit…de résilience, aussi. Et d’espoir, bien sûr.

Pour ma part, c’est le premier « Grimaldi » que je lis… je découvre donc cette auteure au succès incroyable,  à travers ce roman . J’ai trouvé dans cette lecture de la légèreté, de la « couleur », à l’image de sa jolie couverture ! Un moment « feel good », idéal pour se changer les idées, ou partir en vacances !

« Morceaux choisis »

« Si j’avais réfléchi, j’aurai changé d’avis. Je ne suis pas une aventurière. Je n’aime pas les surprises, j’ai besoin de tout anticiper, de tout organiser. L’inconnu m’angoisse, le manque de contrôle me tétanise. Je me suis enfermée dans une bulle rassurante, les mêmes lieux, les mêmes personnes, les mêmes trajets. »

« Je ne fais pas exprès d’ouvrir le message. Je voulais juste voir l’heure. La photo s’impose sur tout l’écran, agressive, violente. En légende, un certain Kevin écrit : « à ton tour ! « . J’ai la nausée. Qu’ai je loupé pour que ma fille pense qu’on doive se séduire en échangeant des photos de son intimité ? Qu’ai je mal fait pour que mon bébé croie que les préliminaires commencent par message privé ? » …

Pssst .. il y a une petite nouveauté sur la photo 😉 , je commence avec ce post, ma « série » Un livre, une tisane ! Parce que mon truc à moi (avec les livres bien sûr !! ) , c’est les plantes .. c’est d’ailleurs mon métier  ! Alors au fil de mes lectures, je me laisse inspirer pour vous présenter une de mes créations 🙂 

Pour ce livre, j’avais prévu une tout autre scénarisation pour la photo … mais comme depuis un certain temps, nous manquons (cruellement !) de soleil (chez vous aussi ??) et… « qu’il était temps de rallumer les étoiles » 😉  .. j’ai amené de la lumière, du doré, du printemps.. avec cette fleur de saison la primevère officinale. 

Si cette plante et ses vertus vous intéresse, je vous invite à visiter mon autre site « la Yourte Végétale« , pour un maximum d’informations.. ou encore l’espace boutique, si vous vous laissez tenter ! 😉