« Le tatoueur d’Auschwitz » d’Heather Morris, est un livre qu’il serait bon de remettre dans les mains d’un plus grand nombre… Un récit, un témoignage bouleversant sur l’enfer vécu dans le camp d’Auschwitz , mais surtout une histoire d’amour qui naît, qui désire être vécue, survivre à cette horreur, telle un poing révolté et tendu vers le ciel.

La puissance de cette volonté qui ne renonce pas, ne renoncera jamais, et cultive obstinément l’espoir est saisissante.

Heather Morris a prêté sa plume à Lale Sokolov qui lui a transmis cette histoire, qui est son histoire.

Résumé : 

Avril 1942 : Lale n’est qu’un jeune homme de 24 ans lorsqu’après un long voyage vers l’inconnu ,entassé dans un wagon à bestiaux il débarque à Auschwitz. Le voyage n’était qu’une première étape vers l’enfer , et le début d’un long processus de déshumanisation…

Lale est un jeune homme raffiné, éduqué, issu d’une famille aimante originaire de Slovaquie. Dès ses premiers pas dans le camp, il comprend que la « bête dévorante » qui cherche à lui faire perdre son identité continue sa basse besogne. Implacable.

Sa valise au sol, il sait  alors qu’il ne reverra probablement plus jamais son contenu :

« Lale sent un poids sur ses épaules, une lourdeur qui se loge dans ses omoplates . « Désolé maman, ils ont tes livres » 

J’ai frissonné à la lecture de cette phrase, et j’en frissonne encore en la relisant ; toute l’émotion du moment est traduite avec justesse à travers ces quelques mots…

Il va pourtant malgré lui , devenir acteur de cette déshumanisation. En devenant le « Tätowierer » il participe à cette sinistre tâche, lourde de sens. Pourtant, c’est aussi grâce à cette « fonction », sans doute, qu’il va réussir à apporter quelques menus « conforts » dans sa vie, et dans celle de ceux qu’il va aider durant tout le temps de son passage au camp… Une ambivalence de sentiments et d’émotions s’installe…

C’est d’ailleurs en devenant le « Tätowierer » que Lale va faire la connaissance de Gita :

« Lale s’efforce de ne pas lever les yeux. Il tend la main pour prendre le morceau de papier que la jeune fille lui présente. Il doit reporter les cinq chiffres sur son bras gauche. Il y a déjà un numéro pratiquement effacé. Il enfonce l’aiguille, effectue un grand nombre de petites piqûres pour tracer un 3, le plus délicatement possible. Le sang suinte. L’aiguille n’est pas allée suffisamment en profondeur, il est contraint de recommencer. Elle accepte la douleur que Lale lui inflige sans broncher. Elles ont été prévenues – ne rien dire, ne rien faire-. Après avoir essuyé le sang, il appose l’encre verte sur la peau incisée.

(…) Lale est trop lent. Tatouer le bras des hommes est une chose ; marquer des jeunes filles dans leur chair en est une autre (…) Sa main s’attarde un peu trop longtemps sur le bras de la jeune fille . Il la regarde dans les yeux. Un sourire effleure ses lèvres (…) Quand il lève à nouveau les yeux, la jeune fille a disparu »

Cette jeune fille c’est Gita bien sûr, et ils vont réussir à se revoir…C’est donc ainsi, réduits à un statut de « numéro » tatoué sur le bras que ces deux êtres vont pourtant se découvrir et s’aimer. Au milieu du chao, de l’enfer, cet amour va s’en doute leur donner la force, l’espoir et la fureur de vivre …afin que cette histoire puisse avoir une chance de survivre au camp de la mort…

« Dans cette prison où l’on se bat pour un morceau de pain et pour sauver sa vie, il n’y a pas de place pour l’amour « .

Pourtant Lale a fait une promesse à Gita : un jour , ils seront libres et heureux de vivre ensemble.

Gita est morte le 3 otobre 2003.

Lale est mort le 31 octobre 2006.

La postface a été écrite par Gary Sokolov… leur fils.

Ne pas oublier…